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. . . . . qu'est la littérature interactive ?

Une singulière coïncidence : hier, j'ai envoyé un courriel à une de mes élèves pour lui demander son avis.  J'avais besoin d'un point de vue féminin pour vérifier si la définition qui m'était venue à l'esprit n'était pas trop machiste : «Une nouvelle à chute doit offrir le même niveau d’attraction que la jupe d’une Anglaise ou le kilt d'un Écossais  : une longueur décente permettant de couvrir le sujet avec élégance, mais suffisamment courte afin de capturer l’attention tout en induisant une rêverie subjective».

Et maintenant, un gros bouquin bizarre qui m'interpelle dans cette boutique où je me suis réfugié en attendant que la pluie se calme.

Le titre de l'ouvrage m’intrigue : «Toute lectrice est un prunier qu’il faut secouer, tout lecteur est un punching-ball qu’il faut frapper par surprise». Hypnotisé, je me demande si je vais pouvoir raffiner ma définition de la veille. Quelle aubaine ! Je m’approche de l’étagère afin de saisir le livre d’occasion. Il a la taille d’un dictionnaire.

À peine l’ai-je ouvert, qu’une main gantée en surgit tel un diable en boîte et me frappe le menton avec une force étonnante. Sous l’impact du choc, je lâche le livre et m’écroule sur le carrelage. Une vendeuse en mini-jupe vient vers moi, le sourire aux lèvres. « Ce n’est pas grave, cela arrive à tout le monde, et de toute manière, le livre était déjà bien abîmé ».

Elle m’aide à me relever et, telle une béquille humaine, m’escorte en me soutenant jusqu’à la sortie de cet étrange magasin de farces et attrapes. . . . .

 

Vade retro téléphone

Pour ne plus être dérangé intempestivement par le téléphone, il est parfois utile d’utiliser un répondeur et de laisser un message dissuasif. Par exemple :

«Bonjour, vous êtes bien chez Adolphe Untel, veuillez me laisser un message AVANT le bip sonore et je vous rappellerai. BIIIIIIIP ! Trop tard ! Merci pour votre appel et peut-être à très bientôt.»

Accolez à cet annonce, l'enregistrement d'une tonalité engagée.

Et voilà ! Fini les raseurs chronophages !

 

Que regrettez-vous du temps jadis ?

Chamonix, le 2 avril 2050

 

Ma femme a toujours été une productrice de lait exemplaire.

Elle n’a jamais manifesté au volant d'un tracteur, ni créé délibérément de problème de circulation pour mieux vociférer. Si l’on fait abstraction de quelques régurgitations irrécupérables de nos enfants, aucune goutte de son lait n’a jamais été jetée ni gaspillée. Quant aux quotas de production, elle s’en moquait comme de son premier soutien-gorge.

Il faut dire que cela se passait au début du XXIe siècle, bien avant que les politiciens et les économistes ne fourrent leur nez poilu dans les mamelles gonflées de sève nourricière des masses laborieuses. En ces temps-là, l’allaitement maternel était libre et non-régulé. Personne n’aurait songé à vendre du lait humain sur l’internet, ni même à s'en servir pour créer un « Roquefort du Sexe Faible ». Les amendes et les amputations mammaires liées à la surproduction n’existaient pas.

Parfois, quand je visionne en cachette un vieux film en deux dimensions de cette époque, d’étranges sensations proches de la nostalgie s’emparent de moi.

Et vous que regrettez-vous du temps jadis ?

 
Mon premier recueil de nouvelles Métamorphose du loup des steppes est maintenant disponible.