Conseils aux « écrivants »

Voilà : j’ai publié mon premier recueil de nouvelles en 2012. Cela ne fait pas de moi un écrivain. Je suis un « écrivant ». J’ai réalisé en 2008 que l’écriture me permettrait de faire sortir ce qui était en en moi, de m’exprimer (comme un citron trop pressé) et j’ai jugé utile de suivre des ateliers d’écriture (présentiels et on-line) et de me frotter sur Oniris.be à d’autres écrivants se commentant les uns les autres. J’encourage cette démarche pour celles et ceux qui considèrent que la critique constructive peut les faire progresser. Voici donc une liste non-exhaustive de conseils reçus ou issus de mon expérience qui pourront vous orienter pour progresser. Notez qu’un logiciel comme Antidote peut vous aider à améliorer le style de votre texte grâce à ses multiples prisme (ex : prisme de verbes ternes) et bien sûr votre orthographe.

Lecture

Si vous voulez vous mettre à l’écriture, lisez, lisez et lisez. Prenez-en de la graine, disséquez, prenez des notes le cas échéant de phrases admirables et utilisez leur structure comme un modèle pour créer un effet similaire. Et bien sûr, écrivez, écrivez, écrivez. Déliez votre plume sur des exercices classiques pour écrivants.

Utilisation récurrente des adverbes en -ment

Je me souviens d’un coach d’écriture lors d’un atelier présentiel qui expliquait qu’il avait été membre d’un jury pour un concours de nouvelles. La consigne était de mettre à la poubelle tout texte contenant cinq adverbes en -ment sur un même page A4. Il y a une règle d’or en écriture qui dit « NE DITES PAS ; MONTREZ !» car dans le premier cas, la participation du lectorat est moindre que dans le deuxième cas. Considérez ces exemples : ne dites pas « il sortit précipitamment de la chambre » mais plutôt « en sortant de la chambre, il renversa un vase » et laissez à la lectrice le plaisir de deviner la précipitation. De même, ne dite pas « elle attendait nerveusement » mais plutôt « en attendant, elle regardait l’horloge en se rongeant les ongles » afin de laisser au lecteur le soin de deviner le malaise ou le stress ressenti par l’héroïne. Parfois l’adverbe en -ment est indispensable, mais son utilisation répétée suggère que le débutant ne respecte pas la règle d’or et préfère tout dire, plutôt que montrer ou suggérer.

Répétitions rapprochées

Exemple exagéré :

Ce fabuliste affable n’affabulait jamais sur sa fabuleuse imagination.

La plupart du temps le même mot précis ou de la même famille est utilisé dans deux phrases qui se suivent ou dans un même paragraphe. Attention, nous ne parlons pas ici de mots courants tels « le » « du » etc.  Exemple concret : « Émerveillé par tous ces objets il retint sa respiration. Il se demandait s’il pouvait acheter l’une de ces merveilles ». Un dictionnaire de synonymes, en ligne ou papier vous sera très utile.

Verbes ternes

Avoir, être, aller, faire, etc. sont des verbes ternes qui gagnent à être remplacer par d’autres verbes ou expressions. Ne dites pas « il a un bon salaire » mais plutôt « il gagne bien sa vie ».

Préférez la voix active à la voix passive dans la plupart des cas et pensez à la concordance des temps.

Ponctuation et typographie

Si vous terminez une phrase par deux points d’exclamation, un éditeur doutera de votre professionnalisme (1 ou 3 points d’exclamation, jamais 2 ou 4). L’omission d’une virgule peut changer le sens d’une phrase. Connaissez les règles les plus courantes de la ponctuation et de la typographie.

Rupture de la fluidité

Il est parfois pénible de lire un texte utilisant des artifices explicatifs nuisant à la fluidité (je pense bien sûr aux textes criblés de parenthèse (mais il y en a d’autres, notamment des tirets– (ou des erreurs ou des passages peu clairs))) de votre lecture. N’oubliez jamais que ce qui est clair pour le concepteur d’un texte ne l’est peut-être pas pour votre lectorat.

Clarté

N’oubliez jamais que ce qui est clair pour le créateur d’un texte ne l’est peut-être pas pour votre lectorat. Là aussi, cela peut ralentir le rythme de lecture, surtout si le lecteur doit revenir en arrière pour saisir votre pensée.

Relecture

Souvent des textes sont publiés sans une relecture apparente. Bonjour les fautes, l’obscurité du propos. Évitez de vous fier à une seule relecture par vous-même car, connaissant votre texte par cœur, vous risquez de vous retrouver en mode pilotage automatique. Rien de tel que des yeux frais pour une relecture efficace.

Personne pour vous relire ?

Essayez de lire votre texte à voix haute, ce sera peut-être l’occasion de prendre conscience de de phrases ne sonnant pas juste à votre oreille ou même de répétions rapprochées d’un même mot. Joignez un groupe comme oniris.be où, plus vous commentez de textes, plus vous serez commenté en retour.

Phrases trop longues

Pensez à scinder vos phrases si elles sont trop longues, sinon votre lectorat risque de se perdre dans votre prose labyrinthine car les pédants étayent parfois leurs thèses conspiratrices en assommant un lectorat lénifié non pas par une argumentation limpide et convaincante, mais par un tapage à coups de poing sur la table, présenté sous la forme d’une rhétorique herméneutique truffée d’adverbes inutilement superflus et criblée soit de vocables écœurants aux racines grecques effrayantes, pêchés dans le dictionnaire et composés de seize lettres et plus, soit de néologismes étonnifiants immédiatement soulignés d’une ligne ondulée de couleur rouge-charcuterie par un correcteur orthographique Word de plus en plus irritant, le tout assaisonné de phrases s’étirant d’une manière rédhibitoirement indigeste sur des longueurs telles que rien qu’avec les virgules on pourrait faire un collier de dents de requin pour une poupée Barbie rarement enceinte malgré son supposé sex-appeal, mais toujours axée vers les brillances illusoires et dont l’indispensable vanity-case de trois ridicules centimètres cubes se trouve irrémédiablement perdu au fin fond du coffre à jouets jusqu’au prochain nettoyage de printemps, et où, lorsqu’on va les terminer enfin en s’apprêtant à étreindre fougueusement le point final salvateur, on se rend compte qu’on ne se souvient plus très bien du début, ceci dans le but inavoué d’extorquer sournoisement, au mieux un assentiment laudatif, au pire un agrément tacite, à un lecteur passablement hypnotisé et tellement interdit, qu’il ne peut plus se préserver de ce sida pseudo-philosophique sokalien, et ce, sans préjudice de le contraindre par une telle logorrhée péremptoire à une interruption involontaire de lecture en lui donnant à tort le sentiment de passer pour un arriéré mental au quotient intellectuel à peine supérieur à la température subcaudale du chihuahua angoissé de ma voisine visiblement mithridatisée depuis belle lurette par ses jappements stridulants de castrat.

Donc optez pour la fluidité et mettez-vous à la place de ceux qui vous liront !

Portion de phrase extraite de ma nouvelle « Exégèse d’un poème flash ».